Semaine de l’unité des Chrétiens : Éthiopie, Érythrée (2021)
Les Églises
Les Églises täwahedo (monophysites/miaphysites) d’Éthiopie et d’Érythrée, célèbrent le 19 janvier, Temqät la fête du baptême du Christ dans le Jourdain. Ces deux Églises, qui, comme les Coptes, les Arméniens, les Jacobites de Syrie et les Syro-Malabares d’Inde, n’ont pas ratifié les décrets du Concile de Chalcédoine (435), ont rompu avec le patriarcat de Constantinople (et avec Rome). J’ai d’ailleurs bien du mal à rappeler aux journalistes, même de La Croix, qu’ils ne sont donc pas « orthodoxes ». Leurs Églises, autocéphales depuis 1952, regroupent la moitié des 112 millions d’Éthiopiens et des 3,5 millions d’Érythréens. Les musulmans représentent environ 30 % de la population en Éthiopie et 50 % en Érythrée et cohabitent avec les chrétiens. Les chrétiens évangéliques, en 30 ans, forment 20 % de la population et sont très mal perçus par les chrétiens éthiopiens et interdits par la dictature en Érythrée. Les catholiques, sauf en Érythrée, représentent une infime minorité, toujours liée dans l’esprit des Éthiopiens à l’invasion italienne. Toutefois, toutes les confessions religieuses ont fait front commun contre les dictatures et les famines et, également, contre les récents troubles au Tigré.
Temqät
Dans la nuit qui précède Temqät, la foule des fidèles, habillés de blanc, converge vers les innombrables sanctuaires pour entendre des enseignements, pour prier, chanter et célébrer la messe. Le matin, les prêtres, précédés des däbtära (des laïcs qui enseignent, chantent, jouent de la musique et dansent), sortent des églises en portant sur leurs têtes les tabot (pierres d’autel, symbole de l’Arche d’alliance) enveloppés dans des tissus chatoyants. Tous se dirigent en procession joyeuse vers une pièce d’eau (rivière, lac, mare, fontaine…). À l’arrivée, de jeunes gens se précipitent dans l’eau et arrosent copieusement les fidèles afin de les laver du péché — quoique le péché soit considéré comme une impureté au sens du Deutéronome. Ensuite, on se réunit en famille et avec les voisins pour prendre un repas de fête, abondant car les récoltes ont eu lieu en décembre. Cette année, espérons que la fête de Temqät marquera le début de la réconciliation entre Éthiopiens et entre Érythréens et je pense que nous devons nous associer à la prière des fidèles de ces Églises.
Le 20 janvier, on célébrera avec le même faste le miracle de Cana.
Alain Gascon (19/01/21)